L’Ukraine pendant la Seconde Guerre Mondiale
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Ukraine a été lourdement touchée par l’invasion nazie et a subi de graves destructions et pertes humaines.
L’avance rapide des troupes allemandes dans toute l’Ukraine en 1941 témoigne que le peuple s’insurge contre son État, son régime et voit dans la guerre et l’invasion l’occasion d’une rupture. En 1941, l’Ukraine n’a pas été un avant-poste de l’URSS, mais une nation désespérément hantée par l’idée d’une libération. En 1945, les territoires ukrainiens acquis avant 1940, repris par l’Allemagne, doivent être intégrés une nouvelle fois, le sentiment national et le refus de l’ordre soviétique sont d’une violence considérable.
Le problème de la collaboration avec l’ennemi se confond en réalité avec celui de la résistance nationale et du rejet du pouvoir soviétique ou d’autres puissances occupant encore quelques territoires à l’ouest (comme le Royaume polonais en Galicie).
Le parti politique OUN, très clairement marqué à droite à tendance fachiste et dont l’une des figures principales est Stepan Bandera, s’organise autour de cette idéologie. Il collabore avec l’Allemagne nazie en créant la Légion ukrainienne, sous commandement de la Wehrmacht avant de rompre les liens pour appuyer fermement une indépendance de l’Ukraine.
«Ce serait une affreuse caricature » que d’y voir un noyau rationnel aux accusations de l’actuel gouvernement
russe sur la nécessite de dénazifier le pays. « Il ne faut pas oublier que l’OUN et l’UPA n’ont rassemblé
qu’une infime minorité des Ukrainiens » (Nicolas Werth, spécialiste de l’Union soviétique au CNRS, dans L’Histoire spécial Ukraine, février 2023).
Si l’Ukraine ne subit pas le traitement infligé aux Kalmouks, aux Ingouches, aux Tchétchènes, aux Balkars, tous déportés loin de leurs territoires nationaux, ce n’est pas, reconnaitra Nikita Khrouchtchev au XXe congrès du Parti communiste soviétique en février 1956, faute que le Kremlin y ait pensé. “Les Ukrainiens, dit-il, n’ont échappé à ce sort que parce qu’ils étaient trop nombreux et qu’il n’y avait nulle part où les envoyer, sinon ils auraient été déportés eux aussi”.
La réalité, c’est qu’entre 1941 et 1945 l’immense majorité des adultes ukrainiens en âge de porter les armes a combattu dans les rangs de l’Armée rouge. C’est sous la présidence de Viktor Ioutchenko en 2010, en pleine « bataille mémorielle », que la figure de Bandera se transforme en symbole de la lutte ukrainienne pour l’indépendance. Face à son passé fachiste, cette distinction provoque une vague de protestations en Russie comme en Europe.
En 2019, lors de l’élection présidentielle, l’extrême droite représente moins de 2% des votes.
Stephan Bandera
Stepan Bandera était un nationaliste ukrainien et un dirigeant politique qui a joué un rôle clé pendant la période tumultueuse de l’entre-deux-guerres et la Seconde Guerre mondiale. Il était l’un des fondateurs de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et a activement cherché l’indépendance de l’Ukraine. Bandera a été impliqué dans des activités politiques et militaires, cherchant à établir un État ukrainien indépendant. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’OUN s’est parfois trouvée du côté de l’Axe dans l’espoir d’utiliser la situation pour atteindre ses objectifs nationalistes. Stepan Bandera a été arrêté par les Allemands, puis emprisonné par les Soviétiques à la fin de la guerre. Son héritage est complexe, car certains le considèrent comme un héros de l’indépendance ukrainienne, tandis que d’autres le voient comme un collaborateur avec les forces nazies.
Un lourd bilan
- 7 millions d’Ukrainiens ont été mobilisés.
- 2,5 millions sont morts au combat ou en captivité
- Les pertes militairs ukrainiennes représentent près d’un quart du total des pertes militaires soviétiques
- 3 millions de civils de la RSS d’Ukraine ont péri au cours de la Guerre dont 1 millions de Juifs, l’Ukraine étant, avec la Biélorussie, la principale région de peuplement juif de l’Empire russe, puis de l’URSS.
Source :
Hélène Carrère d’Encausse, La deuxième des républiques soviétiques, Manières de voir Ukraine, jusqu’où l’escalade, Le Monde diplomatique, 2023