La révolution Orange et la révolution Maïdan
Traduction en ukrainien disponible
Є український переклад
Lire / читання
L’origine de la Révolution orange remonte aux élections présidentielles de 2004, marquées par des accusations de fraude électorale en faveur du candidat Viktor Ianoukovytch, pro-russe et désigné comme successeur du président sortant, et opposé à Viktor Iouchtchenko.
De nombreuses manifestations sont organisées pour protester contre les résultats. Elles prennent de l’ampleur et déclenchent une crise politique majeure qui se termine par l’organisation d’un 3e tour (le second tour est invalidé) remporté par Viktor Iouchtchenko. Il prête serment le 23 janvier 2005. Dès le début de son mandat, Viktor Iouchtchenko met particulièrement en avant des perspectives d’intégration européenne et atlantiste (OTAN). Mais sa présidence sera marquée par la cohabitation. D’abord avec la Première ministre Ioulia Tymochenko (puis de nouveau à partir de 2008), avec laquelle les relations se dégradent très vite, puis avec son opposant à la présidence, Viktor Ianoukovytch qui freine l’ensemble des réformes avec toute l’influence de la Russie sur la scène internationale. Les rapprochements avec l’OTAN et l’Union européenne sont abandonnés sous la pression russe.
L’axe économique disparaît du programme “Orange” et il ne reste plus guère que l’agenda politique. Le nationalisme ukrainien est porté aux nues, avec le renforcement de l’usage de la langue ukrainienne dans l’est du pays, la promotion des politiques mémorielles, notamment avec la reconnaissance comme génocide, en 2006, d’Holodomor. Iouchtchenko touche aussi à un symbole historique et politique : la flotte russe de Sébastopol. Il demande au gouvernement de préparer un projet de loi pour mettre fin, en 2017, à la présence de la flotte russe dans cette ville portuaire de Crimée suite au traité de 1997 (source).
La Russie, voyant ses intérêts stratégiques menacés par cette révision unilatérale qui lui octroyait l’utilisation du port pour sa flotte militaire pendant 20 ans, mène des négociations très musclées. La base navale stratégique de Sébastopol est un élément primordial du système de défense russe, abritant la flotte de la mer Noire. Elle confère, en théorie, à la marine russe, l’accès à la Méditerranée et aux mers chaudes (elle est néanmoins dépendante – comme les autres pays – du droit de contrôle de la Turquie sur le Bosphore et les Dardanelles réglé par la Convention de Montreux).
L’élection présidentielle de 2010 évince Viktor Iouchtchenko, tenu pour responsable d’une forte vague de déception et de désillusion au sein de l’opinion publique. Le second tour de l’élection se compose de ses adversaires : Viktor Ianoukovytch et Ioulia Tymochenko. Le mandat présidentiel de Viktor Iouchtchenko s’achève le 25 février 2010, avec la prestation de serment de Viktor Ianoukovytch au Parlement. Dès le début du mandat, Dimitri Medvedev (Président de la Russie de 2008 à 2012) et le nouveau président ukrainien Viktor lanoukovytch signent un accord permettant à Moscou de proroger sa présence militaire à Sébastopol jusqu’en 2047. En échange, Kyiv se voit accorder une diminution du prix du gaz qu’elle importe de Russie pendant 10 ans. La croissance économique est au rendez-vous mais les inégalités sociales et régionales restent très présentes dans le pays.
L’arrivée au pouvoir de Viktor Ianoukovytch, en 2010, marque un nouveau revirement. Ce revirement engendre la révolution Maïdan ou “Révolution de la Dignité”.
Une série de manifestations pro-européennes (Euromaïdan) est menée à partir de novembre 2013. Elles sont marquées par de fortes violences entre le 30 novembre et le 8 décembre 2013 et ne font qu’accroître les mouvements de protestation. En février 2014, des affrontements éclatent à nouveau, faisant plus de 80 morts. Ce mouvement débouche le 22 février 2014 sur la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovytch, remplacé par Oleksandr Tourtchynov.
L’ancien président destitué affirme que ce vote est frauduleux et demande l’aide de la Russie. Le Kremlin considère le renversement de Ianoukovytch comme un coup d’État et ne reconnaît pas le gouvernement intérimaire d’Oleksandr Tourtchynov. Ce contexte exacerbe très fortement les tensions relationnelles Russie / Ukraine mais aussi Russie / Union européenne.
Viktor Iouchtchenko et Yulia Timochenko lors d’un rassemblement devant la Maison du Parlement ukrainien à Kiev, le 23 novembre 2004. Viktor Ioutchenko accède au pouvoir après la Révolution Orange. L’Ukraine se rapproche de l’Europe et de l’OTAN.
Photo : AFP
Viktor Ianoukovytch (2010-2014)
Parti des régions (social-démocrate). Pro-russe.
« Orange » et « Maïdan »
La 1ère vague de contestation en 2004 prend le nom de « révolution Orange » du nom de la couleur du parti de Viktor Iouchtchenko.
La révolution de Maïdan, est également dénommée révolution de la Dignité, ou révolution de Février. Maïdan
Sources :
Manières de voir Ukraine, jusqu’où l’escalade, Le Monde diplomatique, 2023
Sébastopol : une base navale russe clé en Ukraine, Le Monde, 28 février 2014