Comment les outils de communication entre en jeux dans le conflit

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Lorsqu’un conflit éclate, les médias jouent un rôle crucial en tant qu’intermédiaires entre les événements et le public. Parfois, les réseaux sociaux remplacent les canaux traditionnels d’information (journaux, TV…).

Les médias jouent un rôle crucial en tant qu’intermédiaires entre les événements et le public. Ils sont responsables de la collecte, de la sélection et de la diffusion de l’information, ce qui influe considérablement sur la perception et la compréhension du conflit par le grand public. En somme, représenter un conflit est complexe et constitue un véritable défi.Un traitement médiatique objectif d’un conflit consiste à  fournir une couverture impartiale, précise et équilibrée. Cependant, les médias sont confrontés à des défis complexes qui peuvent influencer leur capacité à remplir cette mission. Les contraintes temporelles et économiques, le niveau de connaissance et la capacité d’analyse des situations, les pressions politiques et les biais idéologiques sont autant de facteurs qui peuvent influencer la manière dont les médias abordent et présentent un conflit.La guerre en Ukraine est médiatiquement couverte de façons différentes. Le storytelling, ou le modèle du récit, présente l’information sous forme d’épisodes . Cet aspect a d’ailleurs commencé avant le début du conflit en février 2022 :  “La Russie va-t-elle envahir l’Ukraine ?” a laissé la place à “Marioupol va-t-elle tomber ?” par exemple. La présence du direct est aussi un marqueur fort du traitement médiatique du conflit. Apparu pendant la guerre du Golfe en 1991, où les caméras semblent filmer en direct des affrontements. Parfois, des experts ou des journalistes sont sur le terrain avec les soldats ou sur les plateaux de télévision pour analyser la situation en cours. Il s’agit là aussi d’une information délivrée par  un angle particulier qui peut s’avérer impartial ou non.

Une des spécificités de la couverture presse de  conflit, c’est la projection au réel rendue possible par les nombreux témoignages de réfugiés ou d’ukrainiens encore sur place. Ce processus amène de l’empathie et une forme d’identification chez les spectateurs et suscite un intérêt et une préoccupation rapides pour la guerre en Ukraine,  au risque d’une confusion entre émotion et réalité : l’émotion ne raconte pas nécessairement la vérité de l’affrontement.L’impact des images a une grande influence sur l’opinion publique. Elles peuvent servir de catalyseur d’opinions ou provoquer un changement de point de vue sur un événement.

 

Désinformation & propagande

Que ce soit les médias sociaux ou les médias traditionnels, des informations trompeuses, des images tronquées et des récits biaisés ont été largement diffusés, rendant souvent difficile la distinction entre la réalité et la fiction. Parfois, des hackers (pirates informatiques) n’hésitent pas à copier un site d’un média pour y glisser des articles erronés ou alors attaquent les serveurs des médias ou institutions pour les rendre, temporairement, inaccessibles. Le site du journal Le Parisien s’est ainsi fait copier par un site pirate reprenant tout son contenu jusqu’à sa charte graphique en 2023.

Parfois, ces articles sont relayés sur les réseaux sociaux. L’exemple montré ici a été partagé par l’ancien sénateur français aux positions pro-russes Yves Pozzo di Borgo. Selon lui, l’article qu’il partage sur « l’esclavage militaire ukrainien » est issu du journal Le Parisien. C’est en réalité une copie pirate du site officiel nommée leparisien.ltd (au lieu de .fr). Cet article, partagé plus de 600 fois, n’a donc pas été écrit par des journalistes du Parisien et comporte des informations erronées.

Le Parisien n’a jamais publié ces articles. Ce faux site aurait au total publié une vingtaine d’articles, tant sur la « nostalgie de la Russie » que sur la « corruption » de l’Ukraine.

 

Tinder : l’espion qui m’aimait

Certaines applications et plateformes, comme tinder, ont été utilisées de manière inattendue dans le contexte du conflit. L’application de rencontre peut étendre le champ de recherche des personnes, ce qui donne l’occasion de discuter avec des personnes du monde entier. Ainsi, des soldats ukrainiens ont réussi à géolocaliser des soldats russes via la localisation GPS des téléphones.

 

Les réseaux sociaux : une nouvelle lecture de la guerre

L’importance des réseaux sociaux dans l’influence des opinions est indéniable, au risque de créer un décalage entre la réalité et la représentation du conflit

Alors que les médias traditionnels se concentrent généralement sur la présentation et l’explication des conséquences dévastatrices du conflit, les réseaux sociaux permettent d’accéder aux événements sous un format plus « divertissant ». Les réseaux sociaux produisent un flux constant d’informations et d’images de la guerre en temps réel, presque sans intermédiaire.

Ces formats ne sont pas sans conséquences, l’instantanéité et l’émotion peuvent accentuer l’émergence de la désinformation, voire de la propagande.

Les réseaux sociaux deviennent alors des armes, utilisées au sein des deux camps, dans le but de brouiller l’ennemi mais aussi de ramener l’opinion publique à sa cause. Ainsi, les Ukrainiens ont diffusé de nombreuses images du « Fantôme de Kiev » pour déstabiliser les militaires russes. A contrario, des milliers de comptes ont été créés par la Russie et diffusent activement des informations trompeuses et propagent une vision alternative du conflit en Ukraine. Certains médias russes tels que RT ou Sputnik, présents en France, utilisent les réseaux sociaux après leur interdiction.

 

Vérifier une source

Il est important de vérifier une source lorsque l’on consulte une information.

4 étapes importantes sont à noter :

  • Évaluer la source en vérifiant le nom du média, son site web et sa réputation ;
  • Vérifier la crédibilité de l’auteur en recherchant des informations sur l’auteur telles que son expertise dans le domaine, ses affiliations professionnelles et ses qualifications.
  • Analyser le contenu en recherchant si l’auteur exagère son propos ou utilise le champ de l’émotion exclusivement.
  • Vérifier l’information en cherchant l’information dans d’autres médias pour croiser l’information et évaluer sa fiabilité

 

La guerre de communication de Volodymyr Zelensky

Zelensky, le président ukrainien, utilise tous les outils pour que le conflit soit omniprésent dans les médias.

Depuis l’invasion de la Russie en 2022, V. Zelensky a opté pour une stratégie de communication très remarquée sur la scène internationale, notamment par une omniprésence médiatique et numérique. Cette stratégie à un but très précis : trouver de l’aide financière et matérielle auprès de ses alliés.

Zelensky n’hésite pas à utiliser la visioconférence pour s’adresser directement aux parlementaires des pays Occidentaux : ONU, Congrès Américain, Parlement européen etc… Il personnalise et adapte ses discours en fonction de l’auditoire pour capter son attention et susciter de l’empathie. V. Zelensky va ainsi citer des références propres à chaque pays, Shakespeare au Royaume-Uni ou Pearl Harbor aux États-Unis, ce qui fait échos à l’histoire nationale de chacun.

Le président ukrainien casse également les codes de la communication politique en allant chercher des techniques auprès de la communication audiovisuelle et du marketing.

Zelensky s’appuie sur de nombreux réseaux sociaux (Instagram, Twitter-X, Facebook, Youtube etc…) pour diffuser ses prises de paroles à destination du peuple ukrainien. Les codes visuels choisis sont simples et efficaces : tenue militaire kaki et cadrage de près, rapprochant le Président de son auditoire. Le format des vidéos courtes permet également de faire circuler rapidement et partout ses allocutions. Cette omniprésence médiatique, jugée positivement à l’international, n’est cependant pas sans critiques de la part de certains Ukrainiens jugeant le Président trop actif sur les réseaux sociaux et moins sur le terrain.

Un faux site le Parisien

L’ambassade de Russie sur Twitter (X)

La Russie utilise désormais les comptes Twitter (X) et Facebook de ses ambassades pour multiplier les messages provocateurs. Ci-contre, une capture d’écran d’un tweet de l’Ambassade de Russie qualifiant la bataille de Boutcha de « plateau de tournage ». Évoquant ainsi une mise en scène de la part de l’Ukraine. Le tweet a depuis été supprimé après une convocation par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français.

Des relais sur Twitter qui permet à la propagande d’instiller le doute et de diffuser de fausses informations.